D.R. |
Non, ce ne sont pas des supporters fiers de l’équipe nationale tunisienne de foot...
Non, ce ne sont pas des supporters qui font la queue pour aller au stade mythique de Radès (banlieue de Tunis)…
Non, ce n’est pas le grand départ en vacances…
C’est tout simplement une image (comme on en voit rarement) prise avant-hier dimanche (6 février 2011) quelque part sur un tronçon de l’autoroute… Dimanche, où a lieu le voyage ‘‘retour’’ de la Caravane de la Solidarité (baptisée Caravane de remerciement pour l'occasion) mais composée cette fois-ci par des habitants de Tunis vite rejoint par leurs concitoyens de Sousse, Monastir, Kairouan, Sfax et d’autres.
Des centaines de tunisiens se sont donnés rendez-vous devant le stade d’El Menzah (Tunis) et la caravane a pris la route au petit matin en direction de… Sidi Bouzid… Là où tout a commencé.
C’est donc tout naturellement que nous revenons sur cette journée pleine de symboles et de significations à travers le témoignage du jeune tunisien Ali Mnif qui faisait partie de ce ‘‘voyage’’ et qui a bien voulu répondre aux questions de ‘Shining Universe’.
Comment vous présenteriez-vous aux lecteurs de notre blog ?
Ali Mnif, 24 ans, étudiant en master à Tunis. Je suis ce qui se passe en Tunisie depuis le début et je cherche à être actif et surtout me rendre utile. Amateur de la blogosphère tunisienne et blogueur depuis 2007.
Pourquoi vous avez décidé de participer à ce mouvement ?
Il n’y a pas eu de réelle réflexion, mais la noble cause m’a encouragée. Tendre ce pont rompu depuis longtemps entre les populations d’un même pays, échanger des mots qui ne se disaient pas, tendre l’oreille et écouter, aller au contact de ces gens qui ont été l’étincelle de la révolution. Je pense au plus fort de moi-même que c’est ce qui m’a conduit à prendre la route vers Sidi Bouzid.
Comment s'est déroulé le "voyage" ?
Il y avait une ambiance festive qui régnait sur la caravane. On s’arrêtait à chaque faubourg, on descendait pour aller au contact des gens qui nous attendaient. Les femmes nous réservaient des you-yous et les hommes des « Vive la Tunisie !» (Tahia Tounes). Nous avons été escortés par la protection civile et la police ainsi que par l’armée au niveau de Sidi Bouzid.
Quel accueil vous ont réservé les habitants de Sidi Bouzid ?Très chaleureux. On a eu droit à une haie d’honneur avec des messages de bienvenue. Les habitants ont distribué de l’eau aux gens qui venaient mais aussi des fruits et des gâteaux. Ils nous ont proposé d’aller manger chez eux, j’ai gentiment décliné l’invitation parce que je voulais encore parler à ceux qui nous attendaient et que j’attendais aussi. Nous nous sommes regroupés devant le gouvernorat de Sidi Bouzid, là ou Mohamed Bouazizi (paix à son âme) s’est immolé, et on a commencé une marche qui nous a menés au théâtre de plein-air de Sidi Bouzid.
Qu'est-ce qui vous a le plus ému dans ce mouvement ?
Dans un village où la caravane est passée du nom de "Lessoud", un vieillard était posté au bord de la route tenant sa tête avec ses deux mains contemplant le flux des voitures. Je l’ai interpellé avec un « vive la Tunisie » (Tahia Tounes ya Haj) et là, il est venu vers nous et a commencé à pleurer. Il m’a ému par son discours. Il m’a dit qu’il ne s’est jamais senti aussi libre et il n’a pas arrêté de remercier les jeunes. C’était émouvant !
A votre avis, est-ce que le régionalisme est enterré dans la Tunisie de l'après 14-Janvier ?
Non, il faut être optimiste mais il ne faut pas non plus déborder d’optimisme. On ne perd pas en 1 moi les mauvaises habitudes qui nous accompagnées pendant des décennies. Certes, il va perdre de l’ampleur mais jusqu’à disparaitre je ne le crois pas.
Comment voyez-vous l'avenir de la Tunisie ?
Au risque de me répéter : il faut être optimiste ! Je crois que pour tout passage démocratique post-révolutionnaire, il faut encaisser quelques coups et se redresser par la suite. Notre économie prendra un sérieux coup mais on restera debout et cela la rendra encore plus forte, je m’explique en exemple : Notre tourisme souffrira cette année mais je pense que c’est peut être la pause nécessaire pour revoir ses stratégies et bâtir de nouveau sur du solide. Le modèle de commercialisation du produit touristique était voué à l’échec, le revoir est un impératif.
On vous laisse le mot de la fin...
Je remercie la rédaction de Shining Universe de m’avoir alloué cet espace de parole. Comme je souhaite bon courage à vous, je souhaite tout le bonheur pour ma Tunisie.
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