Comment commencer cet article ? Comment dire les choses telles qu’elles le sont sans se placer en ‘donneur de leçons’ et sans tenir de discours au ton prophétique ? Ce sont là les questions que nous nous sommes posées et puis nous avons choisi ce titre ‘‘A wake up call’’ (Appel au réveil). On ne peut être plus explicite…
Depuis plusieurs jours maintenant, la Tunisie fait face à une crise sociale sans précédent, une crise sociale qui la paralyse de plus en plus chaque jour. Cette Tunisie, qui vit au rythme des revendications quotidiennes qui sont pour la plupart illégitimes en pareille situation, s’essouffle. En effet, au rythme où vont les choses, la Tunisie ne tiendra pas très longtemps car nous abordons ce virage de l’histoire de la Tunisie avec beaucoup de difficultés.
La critique’attitude
Si on s’amusait à errer sur les différentes pages Facebook consacrées à la Tunisie, on a largement de quoi meubler notre temps perdu. Mais plus saisissant encore : le nombre de critiques qui fusent – de toutes parts – sur ces pages est abhorrant. Des critiques contre le Gouvernement de transition, des critiques sur sa stratégie, sur les comités mises en place par ce dernier mais aussi des critiques contre certains dirigeants. On dirait que cette contestation – acquise de fait – est devenue une mode que tout le monde (ou presque) est en train de suivre.
Aussi, on ne peut pas passer à côté des intox qui circulent sur les réseaux sociaux ces derniers temps et le comble c’est que les internautes tunisiens sont friands des « Faites passer le message » et autres « Partagez » sans oublier bien entendu la « Dégage » mania.
On ne peut pas également rater les montages vidéo (à faire pâlir les plus grands réalisateurs) qui n’ont pour but que de tromper le peuple et semer la zizanie. A croire que les tunisiens sont devenus des anxieux et des paranos car ils voient le mal partout ! Par ailleurs, les initiatives et autres actions sont toutes jugées suspectes et qualifiées de magouilles.
Comment passer outre ces sit-in et manifestations démesurés et arrogants pour tout et n’importe quoi ?
Je crains qu’il faille rappeler à ces personnes la genèse de la révolution pour un tant soit peu les (re)cadrer ! Faut-il leur rappeler la centaine de morts ? Faut-il rappeler à ces gens pourquoi des milliers de tunisiens se sont donné rendez-vous un certain 14 janvier 2011 (43 jours déjà) à l’avenue Habib Bourguiba ?
A l’évidence, oui car cette piqûre de rappel s’impose aujourd’hui… Et ne voyez pas là une quelle conque forme d’aigreur.
S’il est vrai que la critique attitude et la remise en question permanente est essentielle pour un peuple qui aspire à un meilleur avenir. Il n’en reste pas moins qu’il faut savoir trouver un juste milieu...
Cependant, critique – qui de surcroît doit être constructive – et remise en question vont de pair et l’une serait obsolète sans l’autre !
Comment pourrait-on avancer si on ne se remet pas en question ne serait ce qu’une seule fois ?
Tant que cette règle n’est pas appliquée, on ne pourra pas avancer… Et puis, c’est bien connu : critiquer la politique est plus facile que de la faire.
Une ruée vers l’or
Il est certain que tout un chacun a des projets et des problèmes particuliers, néanmoins une chose est sûre : tous les tunisiens ont beaucoup d’attentes. Beaucoup trop selon certains.
Nul ne peut nier la légitimité et le bienfondé de ces attentes mais il faut faire face à la réalité : la Tunisie rencontre d’innombrables difficultés d’ordre économique, social et politique. Certains diraient qu’il faut du temps pour panser les plaies de l’ancien régime mais force est de constater que le temps justement ne joue pas en notre faveur.
Ces revendications et grèves ostentatoires ont pour conséquence de nous faire entrer dans une mécanique négative dont on ne voit pas le bout. Où sont passées cette joie de vivre et cette envie d’aller de l’avant qui faisaient jusque là note fierté ?
Il va sans dire que la prérogative maintenant c’est de relancer et favoriser la croissance dans tous les domaines. Et cela ne sera pas une mince affaire. Les chantiers sont très nombreux et la tâche est dure. Cependant, pour mener à bien ses missions, pour réussir et pour bâtir la Tunisie de demain, il faut le concours de tous les tunisiens.
N’allez pas croire que la révolution du 14-Janvier a ouvert des vannes avec à la clé des Dinars à distribuer. C’est comme si c’était une caisse pleine d’or et que tout le monde voudrait avoir sa part. Il ne faut pas faire l’amalgame. Ce n’est pas une histoire d’héritage, qu’on se le dise !
Où va-t-on ?
Aujourd’hui, la Tunisie est en plein cœur d’un carrefour et elle doit choisir le chemin qu’elle veut emprunter. Car cette révolution à la fois passionnante et troublante nous impose d’être à la hauteur de la responsabilité historique à laquelle nous faisons face. Certains ne sont pas bien conscients de cette responsabilité et voudraient passer leurs intérêts personnels avant tout. A terme, leur amateurisme et leur impulsivité nous portraient préjudice.
Nous croyons vivement que la démocratie c’est aussi de respecter toute idée du moment qu’elle est respectable. Donc, vous nous excuserez, mais on ne peut pas respecter et accepter les idées les plus folles comme par exemple celle de dire que la Tunisie subit un complot étranger. Ce sont des accusations extrêmement graves et leurs auteurs ne sont pas conscients. Bien sûr, il y a d’autres idées mais par respect pour nos lecteurs, nous ne les citerons pas tant elles sont futiles et insensées.
Un pays ne peut vivre en autarcie, ils devraient le savoir. Nous sommes au 21ème siècle. Ont-ils oublié que nous vivons dans l’ère de la mondialisation ? Ont-ils oublié que nous vivons dans un monde en constante mutation et terriblement rapide ?
Ont-ils oublié que le pays ne dispose d’aucune ressource naturelle mis à part le phosphate ? D’ailleurs, on dit souvent que la richesse de la Tunisie c’est son capital humain.
Donc, pour financer notre économie, on est obligé d’aller chercher des financements à l’étranger. Par conséquent, le fait d’accueillir des délégations étrangères en Tunisie est plutôt un bon signe. Pourquoi ? Parce que cela prouve qu’ils accordent de l’importance à ce petit pays d’Afrique du Nord et parce qu’ils croient en nous tout simplement !
En cette période, ô combien décisive, il faut être vigilant à tout ce qu’on peut lire sur les réseaux sociaux et certains sites internet.
L’après révolution
Comme on l’a dit précédemment, si l’activité économique et industrielle ne reprend pas dans les 3 ou 4 mois à venir, la Tunisie sera bien obligé d’augmenter ses engagements financiers auprès d’institutions internationales ce qui ne sera pas de bon augure. D’ailleurs, c’est ce qu’affirme le Gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), un expert fraichement débarqué de la Banque mondiale.
D’un autre côté, il faut que la chasse aux sorcières s’arrête illico presto qui plus est n’est autre qu’une chasse aux élites du pays. Franchement, à la longue, ça devient soporifique.
Qu’on ne croit pas que tout est permis sous prétexte que la Tunisie est désormais un pays démocratique !
L’attitude à adopter par chaque tunisienne et chaque tunisien devrait être de mettre du cœur à l’ouvrage en se remettant au travail et vite. C’est le seul moyen pour ‘préserver’ la révolution. Croyez-vous que Mohamed Bouazizi (Paix à son âme) s’est immolé pour que chacun en fasse une affaire personnelle ? Croyez-vous qu’il s’est immolé pour réclamer des augmentations de salaires ? Non. Il réclamait plus de dignité et d’égalité des chances.
Il paraît fondamental de comprendre qu’aujourd’hui, on ne peut plus revenir en arrière. Ce que le peuple a obtenu, est définitivement acquis.
Ainsi, on pourra envisager l’avenir avec plus de sérénité et de stabilité car il est de notre devoir de donner l’exemple en construisant le modèle d’un pays arabe parfaitement démocratique où tous les tunisiens et toutes les tunisiennes peuvent vivre en toute quiétude et ce, quelle que soit leur sensibilité.
C’est une responsabilité collective que de construire la ‘nouvelle’ Tunisie et d’écrire une page de plus dans ses 3000 ans d’histoire. En conséquence, il nous appartient à tous, par nos actions, d’afficher en permanence notre attachement aux valeurs fondamentales de notre pays et de donner un nouveau souffle à la Tunisie. Il nous appartient aussi de veiller tous ensemble à ce que notre société demeure une société dont nous soyons fiers tout en étant solidaires et unis.