jeudi 17 mars 2011

Panser les Plaies

Avec beaucoup de recul, nous constatons que le bouleversement en Tunisie a éveillé en nous des sentiments très forts. Et ce bouleversement a touché la région toute entière – ou presque – donnant lieu à un véritable butterfly effect, un tremblement de terre politique pour être plus explicite.

Au-delà de nos frontières, ce bouleversement a provoqué un tollé en Occident car nos amis de l’autre côté de la méditerranée ont sévèrement critiqué la manière avec laquelle leurs gouvernements ont réagi face à cet événement éclair et ‘‘inattendu’’.
Pour la première fois, un peuple arabe a laissé de coté sa peur et s’est laissé gagner par le courage et l’espoir. C’est ainsi que la révolution tunisienne est née. Une révolution spontanée, une révolution citoyenne !

Défis ne rime pas avec Méfiance

Le chemin parcouru depuis le début de cette révolution n’est pas très long. Néanmoins, ce que nous avons accompli depuis est salutaire. Faut-il rappeler que la Tunisie a ratifié l’ensemble des traités internationaux sans aucune réserve ? Faut-il rappeler que le pluralisme politique est de mise aujourd’hui avec une trentaine de partis politiques légalisés ? D’un autre côté, internet est plus libre que jamais en Tunisie ce qui nous a valu de ne plus être blacklisté par Reporters Sans Frontières (RSF) et ce qui a valu à nos confrères de Nawaat le Prix du Net-Citoyen.

A maintes reprises, dans nos articles, nous avons dit que les défis qui nous attendent, nous tunisiens, sont colossaux… Il fallait s’en douter : après la révolution du 14-Janvier, rien n’est plus pareil !
En effet, nous devons examiner le futur de la Tunisie en profondeur sans s’abandonner à la naïveté et à l’angélisme.

Nous avons tous conscience que cette période est critique car déterminante. Pourtant, certains n’arrivent pas à se défaire de leur vieux réflexe : la méfiance !
Et ces personnes là se méfient des uns et des autres. Du coup, plus personne n’est intègre à leurs yeux. Par voie de conséquence, on tombe dans une surenchère dont on se serait bien passé. La logique des choses aujourd’hui est clairement la suivante : « Je participe aux manifestations, aux marches, aux sit-in et je me substitue à la justice s’il le faut donc je suis plus tunisien que toi ! ». C’est malheureux mais c’est la réalité. Et au passage, on voudrait en profiter pour dire que ce n’est certainement pas l’image du syndicalisme tunisien.

Conflit politique et idéologique

Il est clair que quiconque qui suit l’actualité de la Tunisie constate que nous sommes face à un conflit politique et idéologique. En réalité, il est difficile de se débarrasser des scories de l’ancien régime d’autant plus que nous n’avons pas de véritable tradition démocratique. Comment dire ? C’est un peu la cacophonie maintenant mais nous sommes persuadés que ça se calmera avec le temps. Et il le faut car une bonne dose de sérénité est nécessaire pour faire face au marasme social, économique et politique que connaît la Tunisie.
De ce fait, il est important de passer la marche du dessus car c’est seulement à cette condition que nous ferons de la Tunisie un pays remarquable et remarqué tant sur l’échelle régionale qu’internationale.

Au risque de nous répéter, il est impératif de faire preuve d’une vigilance à tout instant pour éviter de tomber dans le chaos. Pour ce faire, il est utile de raviver la ‘mission originelle’ de la Révolution et de faire valoir son ambition. Pour autant, il ne s’agit pas d’être à la remorque de la modernité et il ne s’agit pas de faire table rase de nos acquis ce qui, en définitive, est inique et absurde. Il ne s’agit pas non plus de réfuter ce contraste inévitable (qui n’est pas préjudiciable au fond) du moment que chacun d’entre nous a ses idées et ses idéaux. Dès lors, nous devons construire un modèle politique et démocratique qui répond aux aspirations des tunisiennes et des tunisiens quelle que soit leur sensibilité.

Tunisia… The place to be now!

D.R.
Pour reprendre le slogan de la dernière campagne de séduction lancée le 14 février 2011 à l’initiative du Ministère tunisien du tourisme, la Tunisie est devenue l’endroit où il faut être à l’heure où la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) fait face à une levée populaire sans précédent.
Mais à défaut de voir les touristes débarquer chez nous, ce sont plutôt des dizaines de diplomates et ministres qui ont visité notre pays dans le cadre de visites officielles. Et ce n’est pas plus mal !
En effet, cela prouve que le pays intéresse de très près les gouvernements étrangers qui veulent miser sur cette démocratie naissante. C’est tout à notre honneur et au leur !

Pendant des années, on a vu des investisseurs étrangers débarquer et, franchement, peu de politiciens et hauts dirigeants se sont succédés sur nos sols. Quand c’est enfin le cas, des voix s’élèvent pour dénoncer une conspiration absurde. Arrêtons de voir les magouilles là où elles ne le sont pas et saisissons cette chance de redorer le blason un peu terni de notre pays.

Comme nous l’avons dit dans un précédent article Appel au Réveil : « un pays ne peut vivre en autarcie ». Partant de ce constat, il nous faut le concours d’investisseurs qui soient à la hauteur des ambitions de la nouvelle Tunisie post-révolution mais il nous faut également lever des fonds auprès de ces mêmes gouvernements et organismes internationaux. Comprenez là qu’il s’agit de prêts contractés par la Tunisie et qui seront remboursées dans les années à venir. Donc, la souveraineté de notre pays n’est pas mise en question comme se plaisent à le dire certains ! Au fait, rappelons que ce ne sont pas moins de 400'000 personnes qui sont au chômage en Tunisie et ils ont le droit de travailler et vivre dignement…

En somme, tout est question de lobbying pour ramener le plus grand nombre d’investisseurs, pour négocier des taux avantageux, pour rééchelonner les dettes (éventuellement), etc.

Nul ne peut contester que nous sommes dans une période décisive de l’Histoire moderne de la Tunisie et que tous les tunisiens attendent impatiemment les réalisations du gouvernement provisoire. Cependant, ces réalisations ne se feront pas en un claquement de doigt. Cela prendra du temps mais une chose est sûre : c’est une responsabilité collective.

Les obstacles sont encore nombreux, c’est inéluctable. Mais les défis ne sont pas insurmontables, bien au contraire. Il est évident que la prospérité – tant voulu – et la liberté – qui commence à s’enraciner – passent par une période transitoire importante. Pendant ce temps, nous nous devons de réussir la création d’un modèle démocratique propre à nous… Un modèle démocratique à l’image de notre histoire, de notre culture et de notre mode de vie…

samedi 26 février 2011

Appel au Réveil | A Wake Up Call

Comment commencer cet article ? Comment dire les choses telles qu’elles le sont sans se placer en ‘donneur de leçons’ et sans tenir de discours au ton prophétique ? Ce sont là les questions que nous nous sommes posées et puis nous avons choisi ce titre ‘‘A wake up call’’ (Appel au réveil). On ne peut être plus explicite…

Depuis plusieurs jours maintenant, la Tunisie fait face à une crise sociale sans précédent, une crise sociale qui la paralyse de plus en plus chaque jour. Cette Tunisie, qui vit au rythme des revendications quotidiennes qui sont pour la plupart illégitimes en pareille situation, s’essouffle. En effet, au rythme où vont les choses, la Tunisie ne tiendra pas très longtemps car nous abordons ce virage de l’histoire de la Tunisie avec beaucoup de difficultés.

La critique’attitude

Si on s’amusait à errer sur les différentes pages Facebook consacrées à la Tunisie, on a largement de quoi meubler notre temps perdu. Mais plus saisissant encore : le nombre de critiques qui fusent – de toutes parts – sur ces pages est abhorrant. Des critiques contre le Gouvernement de transition, des critiques sur sa stratégie, sur les comités mises en place par ce dernier mais aussi des critiques contre certains dirigeants. On dirait que cette contestation – acquise de fait – est devenue une mode que tout le monde (ou presque) est en train de suivre.

Aussi, on ne peut pas passer à côté des intox qui circulent sur les réseaux sociaux ces derniers temps et le comble c’est que les internautes tunisiens sont friands des « Faites passer le message » et autres « Partagez » sans oublier bien entendu la « Dégage » mania.

On ne peut pas également rater les montages vidéo (à faire pâlir les plus grands réalisateurs) qui n’ont pour but que de tromper le peuple et semer la zizanie. A croire que les tunisiens sont devenus des anxieux et des paranos car ils voient le mal partout ! Par ailleurs, les initiatives et autres actions sont toutes jugées suspectes et qualifiées de magouilles.

Comment passer outre ces sit-in et manifestations démesurés et arrogants pour tout et n’importe quoi ?

Je crains qu’il faille rappeler à ces personnes la genèse de la révolution pour un tant soit peu les (re)cadrer ! Faut-il leur rappeler la centaine de morts ? Faut-il rappeler à ces gens pourquoi des milliers de tunisiens se sont donné rendez-vous un certain 14 janvier 2011 (43 jours déjà) à l’avenue Habib Bourguiba ?
A l’évidence, oui car cette piqûre de rappel s’impose aujourd’hui… Et ne voyez pas là une quelle conque forme d’aigreur.

S’il est vrai que la critique attitude et la remise en question permanente est essentielle pour un peuple qui aspire à un meilleur avenir. Il n’en reste pas moins qu’il faut savoir trouver un juste milieu... 
Cependant, critique – qui de surcroît doit être constructive – et remise en question vont de pair et l’une serait obsolète sans l’autre !
Comment pourrait-on avancer si on ne se remet pas en question ne serait ce qu’une seule fois ?
Tant que cette règle n’est pas appliquée, on ne pourra pas avancer… Et puis, c’est bien connu : critiquer la politique est plus facile que de la faire.

Une ruée vers l’or

Il est certain que tout un chacun a des projets et des problèmes particuliers, néanmoins une chose est sûre : tous les tunisiens ont beaucoup d’attentes. Beaucoup trop selon certains.

Nul ne peut nier la légitimité et le bienfondé de ces attentes mais il faut faire face à la réalité : la Tunisie rencontre d’innombrables difficultés d’ordre économique, social et politique. Certains diraient qu’il faut du temps pour panser les plaies de l’ancien régime mais force est de constater que le temps justement ne joue pas en notre faveur.

Ces revendications et grèves ostentatoires ont pour conséquence de nous faire entrer dans une mécanique négative dont on ne voit pas le bout. Où sont passées cette joie de vivre et cette envie d’aller de l’avant qui faisaient jusque là note fierté ?

Il va sans dire que la prérogative maintenant c’est de relancer et favoriser la croissance dans tous les domaines. Et cela ne sera pas une mince affaire. Les chantiers sont très nombreux et la tâche est dure. Cependant, pour mener à bien ses missions, pour réussir et pour bâtir la Tunisie de demain, il faut le concours de tous les tunisiens.

N’allez pas croire que la révolution du 14-Janvier a ouvert des vannes avec à la clé des Dinars à distribuer. C’est comme si c’était une caisse pleine d’or et que tout le monde voudrait avoir sa part. Il ne faut pas faire l’amalgame. Ce n’est pas une histoire d’héritage, qu’on se le dise !

Où va-t-on ?

Aujourd’hui, la Tunisie est en plein cœur d’un carrefour et elle doit choisir le chemin qu’elle veut emprunter. Car cette révolution à la fois passionnante et troublante nous impose d’être à la hauteur de la responsabilité historique à laquelle nous faisons face. Certains ne sont pas bien conscients de cette responsabilité et voudraient passer leurs intérêts personnels avant tout. A terme, leur amateurisme et leur impulsivité nous portraient préjudice.

Nous croyons vivement que la démocratie c’est aussi de respecter toute idée du moment qu’elle est respectable. Donc, vous nous excuserez, mais on ne peut pas respecter et accepter les idées les plus folles comme par exemple celle de dire que la Tunisie subit un complot étranger. Ce sont des accusations extrêmement graves et leurs auteurs ne sont pas conscients. Bien sûr, il y a d’autres idées mais par respect pour nos lecteurs, nous ne les citerons pas tant elles sont futiles et insensées.

Un pays ne peut vivre en autarcie, ils devraient le savoir. Nous sommes au 21ème siècle. Ont-ils oublié que nous vivons dans l’ère de la mondialisation ? Ont-ils oublié que nous vivons dans un monde en constante mutation et terriblement rapide ?
Ont-ils oublié que le pays ne dispose d’aucune ressource naturelle mis à part le phosphate ? D’ailleurs, on dit souvent que la richesse de la Tunisie c’est son capital humain.

Donc, pour financer notre économie, on est obligé d’aller chercher des financements à l’étranger. Par conséquent, le fait d’accueillir des délégations étrangères en Tunisie est plutôt un bon signe. Pourquoi ? Parce que cela prouve qu’ils accordent de l’importance à ce petit pays d’Afrique du Nord et parce qu’ils croient en nous tout simplement !

En cette période, ô combien décisive, il faut être vigilant à tout ce qu’on peut lire sur les réseaux sociaux et certains sites internet.

L’après révolution

Comme on l’a dit précédemment, si l’activité économique et industrielle ne reprend pas dans les 3 ou 4 mois à venir, la Tunisie sera bien obligé d’augmenter ses engagements financiers auprès d’institutions internationales ce qui ne sera pas de bon augure. D’ailleurs, c’est ce qu’affirme le Gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), un expert fraichement débarqué de la Banque mondiale.  

D’un autre côté, il faut que la chasse aux sorcières s’arrête illico presto qui plus est n’est autre qu’une chasse aux élites du pays. Franchement, à la longue, ça devient soporifique.
Qu’on ne croit pas que tout est permis sous prétexte que la Tunisie est désormais un pays démocratique !

L’attitude à adopter par chaque tunisienne et chaque tunisien devrait être de mettre du cœur à l’ouvrage en se remettant au travail et vite. C’est le seul moyen pour ‘préserver’ la révolution. Croyez-vous que Mohamed Bouazizi (Paix à son âme) s’est immolé pour que chacun en fasse une affaire personnelle ? Croyez-vous qu’il s’est immolé pour réclamer des augmentations de salaires ? Non. Il réclamait plus de dignité et d’égalité des chances.

Il paraît fondamental de comprendre qu’aujourd’hui, on ne peut plus revenir en arrière. Ce que le peuple a obtenu, est définitivement acquis.

Ainsi, on pourra envisager l’avenir avec plus de sérénité et de stabilité car il est de notre devoir de donner l’exemple en construisant le modèle d’un pays arabe parfaitement démocratique où tous les tunisiens et toutes les tunisiennes peuvent vivre en toute quiétude et ce, quelle que soit leur sensibilité.

C’est une responsabilité collective que de construire la ‘nouvelle’ Tunisie et d’écrire une page de plus dans ses 3000 ans d’histoire. En conséquence, il nous appartient à tous, par nos actions, d’afficher en permanence notre attachement aux valeurs fondamentales de notre pays et de donner un nouveau souffle à la Tunisie. Il nous appartient aussi de veiller tous ensemble à ce que notre société demeure une société dont nous soyons fiers tout en étant solidaires et unis.


vendredi 18 février 2011

Les Belles au Bois Dormant !

Dans un article précédent – ‘‘The Power of Youth’’ – publié le 6 février dernier, nous vous avons promis d'aborder la situation des associations et organisations qui travaillent avec les jeunes en Tunisie. Dans un premier temps, nous nous intéresserons à la situation actuelle car un tel sujet nécessiterait une très longue analyse donc nous avons essayé d'être le plus bref et pertinent possible.
On nous dit souvent que quand on veut, on peut... Seulement voilà, ce n’est pas toujours vrai. Nous mentiraient-ils ? Peut-être. Dans ce qui suit, un contre-exemple saisissant concernant les associations et autres organisations de jeunes présentes en Tunisie.

Notre enquête commence par le recensement des associations apolitiques qui travaillent avec les jeunes en Tunisie. Et on peut vous dire que ce n’était pas une mince affaire. Après de longues recherches, l’équipe de rédaction en a identifié une dizaine ! Oui, une dizaine (on espère vraiment se tromper) pour un pays qui compte des millions de jeunes. Et pis, est-il utile de rappeler que ces jeunes justement représentent 50% de la population ?!
On ne va pas vous marteler le nombre d’associations existantes en Tunisie mais nous avons tout de même une question : Quel est le poids des associations de jeunes dans ce lot ? La réponse tient en un seul mot : négligeable. Autre question, quel rôle joue ces associations en Tunisie ? Là encore, la réponse ne tient qu’à un seul mot : limité.

Rôle limité et poids négligeable

Cela ne nous plaît pas de dire ça mais la Tunisie manque d’associations qui sont à même de gérer les jeunes et de leur offrir une structure au travers de laquelle ils peuvent s’épanouir et surtout se développer.
Bon, il y en a peut-être trois ou quatre qui se démarquent de la masse mais ce n’est pas assez.
Ces associations restent bien souvent silencieuses et parfois elles s’évanouissent dans la nature. Leurs actions sont très souvent ponctuelles et parfois sans lendemain. Oui, c’est dur à admettre mais c’est la situation actuelle du milieu associatif. Alors, il ne s’agit pas ici de faire le procès de ces organismes mais plutôt de dresser un constat inquiétant.
A vrai dire, nous avons pris la décision de ne pas citer aucune association ni organisme parce qu’on a voulu leur accorder le bénéfice du doute. Maybe, ils n’ont pas pu exercer leurs activités comme il se doit (ça reste toujours une supposition).

Perdu de vue…

Alors, ce qui va se passer maintenant (probablement), c’est que les associations qui ont sombré dans une phase de blackout total vont surgir (de nul part) histoire de montrer qu’elles existent mais aussi pour tirer leur épingle du jeu ! Nous ne sommes pas dupes. Où étaient-elles quand les jeunes avaient besoin d’être encadrés, orientés et mieux encore conseillés ? Où sont-elles aujourd’hui ? Quels sont leurs plans pour répondre à la détresse des jeunes ? Le pays traverse une crise post-révolution et ces organismes continuent à dormir paisiblement. Bon d’accord, ils sont restés dans leur royaume enchanté pendant très longtemps. Ce qui se passe actuellement, c’est que ce sont les jeunes maintenant qui prennent leur destin en main. Des jeunes qui n’appartiennent à aucune association, et qui mènent des initiatives indépendantes.
A terme, les associations et autres structures mentionnées ci-dessus seront boudés par leurs sympathisants et auront du mal à attirer de nouveaux adhérents. Donc, elles devraient se réveiller fissa et faire leur mea-culpa tant qu’il est encore temps.

Evidemment, le fait de dresser un constat – aussi alarmant et inquiétant soit il – implique d’en tirer les bonnes conclusions et surtout de présenter des solutions… Mais ça, c’est toute une histoire et ça fera l’objet d’un prochain article.

lundi 14 février 2011

We Love Tunisia...

Aujourd’hui, c’est la Saint Valentin (on ne vous apprend rien) mais cette fête aura un goût particulier, du moins en Tunisie. C’est donc décidé, le coup de cœur de la rédaction est attribué à la Tunisie pour cette Saint Valentin.

D.R.
En effet, en ce 14 février 2011, le ministère du tourisme tunisien lance une campagne virale pour promouvoir la destination Tunisie en France, une destination qui a vu ses touristes (parfois contre leur gré car les voyagistes ne les assuraient plus) partir lors des derniers événements. L’objectif étant de créer le buzz (Ouf, on commence à maîtriser les techniques du Marketing moderne) à travers l’affichage du logo de la campagne partout sur Twitter et Facebook. Qu’à cela ne tienne, le ministère des affaires étrangères français vient de lever ses mises en garde par un communiqué annonçant que « des séjours sur la zone côtière et dans l’île de Djerba ne sont désormais plus contre-indiqués ». Ainsi, on pourrait s’attendre à une reprise progressive de l’activité touristique en Tunisie dans les prochaines semaines.
Mais, certains vont se demander pourquoi on s’intéresse tant au tourisme. C’est parce que ce secteur représente 6,5% du PIB tunisien et fait vivre 350000 personnes. Ce n’est pas rien !

Cette nouvelle campagne vient à point, tout juste un mois après le fameux 14-Janvier. Un coup d’œil du ministère du tourisme ? Certainement. En ce qui nous concerne, nous voyons là une campagne pleine de symboles et de significations. Cette Tunisie qui a surpris le Monde avec sa révolution, sa maturité et sa jeunesse consciente a de quoi être fière. Aujourd’hui, elle fait appel à tous ses amis pour la soutenir. Bien plus qu’une marque d’affection, c’est tout simplement une preuve d’amour et ne voyez pas là une quelle conque ironie ou métaphore. Et ça tombe bien en cette fête de l’amour.
Au fond, la Tunisie est un pays tellement attachant avec un peuple très chaleureux qui a tant à partager surtout son amitié (le slogan de la dernière campagne était « Tunisie, toute l'amitié à partager »). Un pays où il fait bon d’y vivre et où l’on est bien accueilli.

Mais c’est quoi déjà être un ami de la Tunisie ?

Sans vouloir adopter un ton prophétique, nous pensons qu’être un ami de la Tunisie, c’est avant tout apporter tout son soutien pour qu’elle puisse se ressaisir et remonter la pente doucement mais sûrement. Etre un ami de la Tunisie, c’est être solidaire, comprendre le moment présent pour bien construire un futur digne de ce nom. Et comprenez là que les revendications insensées et les grèves qui n’en finissent pas affaiblissent davantage la Tunisie et ne contribuent certainement pas à sa ‘reconstruction’. Partant du constat qu’il y a beaucoup à faire, il est utile qu’on commence tous autant que nous sommes à travailler sérieusement pour continuer à écrire l’histoire car c’est l’effort de chacun qui fera ce à quoi on aspire toutes et tous ; à savoir une Tunisie plus prospère avec des opportunités de développement pour chacun : emploi, niveau de vie, liberté, justice sociale…

S’agissant de la campagne ‘‘I love Tunisia’’, nous espérons vraiment qu’elle s’accompagnera de faits et que cela ne se résumera pas à de simples photos de profil… Nous espérons également que cette campagne soit étendue à d’autres pays que la France, qu’elle soit donc internationale.   

Pour conclure, nous n’avons qu’une seule chose à dire : “Tunisia has a lot to show” donc “Tunisia, here we come!”.


D.R.

mardi 8 février 2011

Sidi Bouzid / Tunis, un voyage en aller-retour

D.R.

Non, ce ne sont pas des supporters fiers de l’équipe nationale tunisienne de foot...
Non, ce ne sont pas des supporters qui font la queue pour aller au stade mythique de Radès (banlieue de Tunis)…
Non, ce n’est pas le grand départ en vacances…


C’est tout simplement une image (comme on en voit rarement) prise avant-hier dimanche (6 février 2011) quelque part sur un tronçon de l’autoroute… Dimanche, où a lieu le voyage ‘‘retour’’ de la Caravane de la Solidarité (baptisée Caravane de remerciement pour l'occasion)  mais composée cette fois-ci par des habitants de Tunis vite rejoint par leurs concitoyens de Sousse, Monastir, Kairouan, Sfax et d’autres.

Des centaines de tunisiens se sont donnés rendez-vous devant le stade d’El Menzah (Tunis) et la caravane a pris la route au petit matin en direction de… Sidi Bouzid… Là où tout a commencé.
C’est donc tout naturellement que nous revenons sur cette journée pleine de symboles et de significations à travers le témoignage du jeune tunisien Ali Mnif qui faisait partie de ce ‘‘voyage’’ et qui a bien voulu répondre aux questions de ‘Shining Universe’.

Comment vous présenteriez-vous aux lecteurs de notre blog ?
Ali Mnif, 24 ans, étudiant en master à Tunis. Je suis ce qui se passe en Tunisie depuis le début et je cherche à être actif et surtout me rendre utile. Amateur de la blogosphère tunisienne et blogueur depuis 2007.

Pourquoi vous avez décidé de participer à ce mouvement ?
Il n’y a pas eu de réelle réflexion, mais la noble cause m’a encouragée. Tendre ce pont rompu depuis longtemps entre les populations d’un même pays, échanger des mots qui ne se disaient pas, tendre l’oreille et écouter, aller au contact de ces gens qui ont été l’étincelle de la révolution. Je pense au plus fort de moi-même que c’est ce qui m’a conduit à prendre la route vers Sidi Bouzid.  

Comment s'est déroulé le "voyage" ?
Il y avait une ambiance festive qui régnait sur la caravane. On s’arrêtait à chaque faubourg, on descendait pour aller au contact des gens qui nous attendaient. Les femmes nous réservaient des you-yous et les hommes des « Vive la Tunisie !» (Tahia Tounes). Nous avons été escortés par la protection civile et la police ainsi que par l’armée au niveau de Sidi Bouzid.

Quel accueil vous ont réservé les habitants de Sidi Bouzid ?
Très chaleureux. On a eu droit à une haie d’honneur avec des messages de bienvenue. Les habitants ont distribué de l’eau aux gens qui venaient mais aussi des fruits et des gâteaux. Ils nous ont proposé d’aller manger chez eux, j’ai gentiment décliné l’invitation parce que je voulais encore parler à ceux qui nous attendaient et que j’attendais aussi. Nous nous sommes regroupés devant le gouvernorat de Sidi Bouzid, là ou Mohamed Bouazizi (paix à son âme) s’est immolé, et on a commencé une marche qui nous a menés au théâtre de plein-air de Sidi Bouzid.

Qu'est-ce qui vous a le plus ému dans ce mouvement ?
Dans un village où la caravane est passée du nom de "Lessoud", un vieillard était posté au bord de la route tenant sa tête avec ses deux mains contemplant le flux des voitures. Je l’ai interpellé avec un « vive la Tunisie » (Tahia Tounes ya Haj) et là, il est venu vers nous et a commencé à pleurer. Il m’a ému par son discours. Il m’a dit qu’il ne s’est jamais senti aussi libre et il n’a pas arrêté de remercier les jeunes. C’était émouvant !

A votre avis, est-ce que le régionalisme est enterré dans la Tunisie de l'après 14-Janvier ?
Non, il faut être optimiste mais il ne faut pas non plus déborder d’optimisme. On ne perd pas en 1 moi les mauvaises habitudes qui nous accompagnées pendant des décennies. Certes, il va perdre de l’ampleur mais jusqu’à disparaitre je ne le crois pas.

Comment voyez-vous l'avenir de la Tunisie ?
Au risque de me répéter : il faut être optimiste ! Je crois que pour tout passage démocratique post-révolutionnaire, il faut encaisser quelques coups et se redresser par la suite. Notre économie prendra  un sérieux coup mais on restera debout et cela la rendra encore plus forte, je m’explique en exemple : Notre tourisme souffrira cette année mais je pense que c’est peut être la pause nécessaire pour revoir ses stratégies et bâtir de nouveau sur du solide. Le modèle de commercialisation du produit touristique était voué à l’échec, le revoir est un impératif.  

On vous laisse le mot de la fin...
Je remercie la rédaction de Shining Universe de m’avoir alloué cet espace de parole. Comme je souhaite bon courage à vous, je souhaite tout le bonheur pour ma Tunisie.

dimanche 6 février 2011

The power of Youth !

Avec tout ce qui se passe dans le monde ces derniers temps, nous avons jugé utile (pour ne pas dire légitime) de consacrer notre deuxième article à la JEUNESSE et plus particulièrement à sa force !

Avant de commencer, rappelons que les jeunes représentent 18% de la population mondiale. De plus, l’âge moyen de la population est de 26 ans. Autant de constats alarmants quant à l’importance grandissante des jeunes dans nos sociétés.
En Tunisie ou encore en Egypte (actualité oblige), les jeunes ont montré quel était leur vrai poids. Et quel poids ! Enorme.

D.R.
En ce jour paisible de décembre 2009, l’ONU annonçait que l’année 2010 serait l’année internationale de la jeunesse. Etait-ce une opération de communication pour rajeunir l’image de l’ONU ou bien voulait-elle rendre hommage aux jeunes du monde entier ? A vous de voir.
Seulement voilà, il y a un paradoxe dans l’histoire. Un an plus tard, ce sont ces mêmes jeunes qui rendent la monnaie à l’ONU en sortant par milliers acclamer haut et fort leurs positions, leurs aspirations et revendications. On vous voit venir, vous allez nous dire mais quelle relation y a-t-il entre Année internationale de la jeunesse et les soulèvements en Tunisie, l’Algérie ou encore l’Égypte (pour ne citer qu’eux) ? Il y a bien une relation entre ces deux évènements (quoique infime on vous l’accorde). 
D’une part, l’ONU voulait consacrer des dizaines de réunions de travail au thème de la jeunesse avec à la clé ‘‘une mise en valeur de la contribution apportée par les jeunes à la société et les aider à faire face aux défis qu'ils rencontrent’’
D’autre part, nous avons une jeunesse responsable qui a voulu, sans plus attendre, prendre son destin en main. Une autre question s’impose : est-ce que le mouvement populaire des jeunes de Tunisie poussera l’ONU à revoir sa copie ? Qui vivra verra.

Valeur sûre dans un monde d’incertitudes

Notre monde d’aujourd’hui est un système complexe fait d’incertitudes. Toutefois, une valeur ou variable (appelez ça comme vous voulez) reste sûre : c’est la JEUNESSE.
En effet, les jeunes sont l’avenir des sociétés qu’on le veuille ou pas. Et celui ou celle qui dira le contraire serait bien malin.

D’ailleurs, dans un récent sondage mené par le cabinet tunisien Sigma Conseil, parmi les 1250 personnes interrogées, 96% d’entre elles reconnaissent le ‘‘rôle majeur’’ de la jeunesse dans la révolution tunisienne.

De plus, M. Bernhard Adriaensens (Consultant et conférencier international en Marketing et Management au cabinet belge BAA Consulting) a affirmé que la jeunesse représentait l’un des défis majeurs de la période à venir ce qui l’a amené à se poser ces deux questions :
» Les responsables politiques sont-ils conscients de ce défi et combien d’entre eux sont en train de préparer les solutions de demain et après-demain ?
» Combien de grands patrons de l’industrie sont prêts à répondre à ce défi qui va transformer leur modèle d’affaires ?
Ce sont là les vraies questions à se poser...

Dès lors, il faudrait faire progresser les efforts des politiciens afin d’apporter les réponses adéquates aux besoins de la jeunesse dans le cadre toujours d’objectifs nationaux de développement.
Si on avait à résumer la solution à apporter, ça serait d’œuvrer pour que le futur des jeunes ne soit pas aussi ‘‘désespérant’’ qu’il ne l’est aujourd’hui (on peut toujours débattre sur le ‘‘désespérant’’ mais l’immolation par le feu du jeune Mohamed Bouazizi en est bien la preuve).
N’en déplaise à nos contradicteurs, mais les jeunes sont de plus en plus responsables. Ils sont au courant de tout ce qui se passe dans le monde et ont de ce fait un grand rôle à jouer dans la société. Le politicien qui ne prend pas en considération ce paramètre n’aura rien compris à cet enjeu de taille.
Bien entendu, ce n’est pas uniquement la responsabilité des politiciens mais également celle des organisations et autres associations avec pour thème fédérateur ‘‘la jeunesse’’. Nous y reviendrons largement dans un prochain article.

Et on se quitte avec les belles paroles sensées de nos amis de l’ONU (nous le disons sans ironie aucune) : ‘‘Les jeunes constituent un facteur déterminant du changement social, du développement économique et du progrès technique. Leur imagination, leurs idéaux, leur vision et leur énergie considérables sont indispensables au développement des sociétés dans lesquelles ils vivent’’.

Les jeunes seraient-ils en phase de devenir la nouvelle poule aux œufs d’or de la Tunisie ? L’avenir nous le dira. Allez les jeunes, la planète vous écoute ! Soyez responsables.

D.R.